Arequipa

Au pied des volcans Misti et Chachani, Arequipa trône à 2335m d’altitude. Deuxième plus grande ville du Pérou après Lima, son centre ville est classé à l’UNESCO. Elle est aussi le point de départ d’une de mes grandes randonnées, le Chachani.

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« Ville et campagne hors du désert, géographiquement parlant, Arequipa entre donc dans la catégorie des oasis : une ville dans une île de verdure. Tout est aride autour d'elle, d'un côté les montagnes solitaires et silencieuses, de l'autre les pampas rudes et dénudées. »

Deuxième ville du Pérou, Arequipa est une ville dynamique, animée le jour comme la nuit, moderne et historique.

A 2300 m d’altitude, la ville compte plus de 300 jours d’ensoleillement par an. Une grande partie d’Arequipa est construite en pierre de lave blanche (sillar), on la surnomme « la ville blanche ». Elle se trouve au pied du Misti, gigantesque volcan éteint rappelant le mont Fuji au Japon. Le centre historique d’Arequipa est inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco.

Le Chachani quand à lui, culmine à 6075m d’altitude et se trouve à 22km de la ville.
Sommet rarement enneigé, il est considéré comme un des sommets à plus de 6000m mètres d’altitude les plus accessibles.

Aréquipa, ville blanche.

Après des heures de bus, j’arrive dans mon 5ème pays, le Pérou.
Déjà visité l’an dernier, j’ai du y écourter mon séjour après 10 jours d’hospitalisation à Cusco et un rapatriement sanitaire à cause d’un joli cocktail infectieux.
Je m’étais promis d’y retourner faire les randonnées que je n’ai pas pu y faire. Aujourd’hui, c’est chose faite !

Arequipa est une jolie ville riche d’histoire et de belles architectures. Au nord du désert d’Atacama, ses 300 jours d’ensoleillement par ans y rendent la promenade bien agréable tant pour la vue que pour l’ambiance qui y règne.

Son marché central grouille de différents stands. Place de vie et de commerce principal des villes péruviennes, c’est un plaisir de retrouver la vibration du marché. On crie, on hèle, les odeurs se mélangent aux couleurs, les uns et les autres négocient toutes sortes de marchandises. Fleurs, chapeaux, jouets, viandes, bibelots et épicerie, tout se mélange ici dans une ambiance de souk coloré et vivant. Je file me chercher un grand jus de fruits frais. Ici, on presse les fruits à la minute et on vous les sert instantanément. C’est mon péché mignon du Pérou, et ça m’avait beaucoup manqué !

Je pars ensuite flâner sur la Plaza de Armas, place principale de la ville. Là, la cathédrale basilique trône fièrement sur toute la longueur de la place, lui prêtant sa superbe sous les belles lumières du crépuscule. La place est animée à toutes heures. Les enfants jouent et rient après des bulles de savon, les anciens observent tranquillement la vie sur la place et les badauds et touristes profitent de la chaleur ambiante.

Le Couvent Santa Catalina.

Face aux arcades laissant filtrer de jolis rayons de soleil, la cathédrale se dresse fièrement devant le volcan Chachani gardant la ville.
Et au coeur de ses rue comme un secret bien gardé, rien de moins que le plus grand couvent du monde, le Couvent Santa Catalina.

Construit en 1579, ses 2 hectares abritaient 450 religieuses vivant reclus jusqu’en 1985, date où la visite du pape leur octroie le droit de sortir et de parler. Cette ville dans la ville héberge aujourd’hui une vingtaine de soeurs âgées de 18 à 90 ans vivant dans les murs d’origine avec bien plus de libertés. 
Il faudrait un article complet pour en raconter ici l’histoire, je me permet de vous laisser faire vos recherches pour en savoir plus. Le sujet est passionnant !
Pour ma part, charmée par les couleurs flamboyantes des peintures, je slalom entre les nombreux visiteurs et ruse pour cadrer mes photos sans personne dessus. Quel exercice ! Outre la culture religieuse de ce lieu, je m’éclate à jouer avec mon appareil photo et passerais une demie journée dans ces murs fascinée par toute l’histoire qu’ils accueillent.

El Chachani, volcan du défi.

L’an dernier, j’avais pour objectif de faire ce sommet volcanique à plus de 6000m d’altitude et réputé pour n’être pas trop difficile. Le voyage ayant été écourté, il va de soi que le projet a été abandonné. Au vu de mon souffle et pour protéger ma santé, je n’ai pas prévu de faire ce volcan dans mon tour du monde des grandes randonnées. A vrai dire, aucun point au dessus de 5200m ne figure sur le tracé de cette année. J’ai bien trop peur de ne pas pouvoir y arriver et protège ainsi mon mental de cette difficulté physique liée à la maladie.

C’est une fois à Arequipa, face à cette montagne en arrière plan de la Plaza de Armas, que reprend de l’ampleur cette flamme. La flamme du défi.
Cette lueur qui naît dans un coin de ma tête et qui doucement se nourrit d’idées depuis Salta. Je veux tenter un 6000, mais est-ce vraiment une bonne idée ?
Dans l’Atacama, à aucun moment l’altitude m’a perturbée. Je me sens bien et suis en pleine forme. J’y pense, souvent et garde ça dans un coin de ma tête, comme un défi personnel et secret. Alors quand je me renseigne pour une autre randonnée, je demande juste par curiosité comment se passe l’expédition pour le Chachani. Surprise, il y a un départ à une date parfaite pour moi, le prix est abordable et le temps au beau fixe. Je n’hésite pas une seconde et réserve ma place. L’aventure commence.

Me voilà donc en route pour cette expédition hors du commun. Je n’ai prévenu personne et pars confiante, comme si j’étais préparée depuis toujours, comme si je n’avais pas de doute sur mon objectif malgré le stress grandissant d’heures en heures. Comme si la question ne se posait pas. Je me vois déjà là haut.

Nous arrivons en voiture à 5000m d’altitude.
Je me sens très bien, excitée par l’aventure qui m’attend. Le volcan Misti (5875m) dans notre dos, nous commençons à marcher. La première journée n’est pas difficile, nous n’avons que 2h de marche pour rejoindre le camp de base à 5200m d’altitude et nous concentrons sur l’acclimatation. Malgré tout, mon sac pèse sur le dos (bien que vide, l’altitude nous fait ressentir beaucoup plus le poids des choses) et je me sens très fatiguée. Par chance je n’ai aucun mal de tête ou autre, juste une fatigue intense qui me plongera dans les bras de Morphée tout l’après midi dès que j’aurais monté ma tente. Le soir nous offre un magnifique coucher de soleil. Il fait froid et les nuages viennent petit à petit nous priver de la voûte céleste. Le guide nous prépare un bon repas et nous allons nous coucher sans tarder. Il est 18h, et je peine à trouver le sommeil malgré la nuit noire.

A 1h du matin, le réveil sonne. J’ai peu dormis mais suis en forme, je n’ai pas eu froid et la nuit au dessus de 5000m s’est plutôt bien passée. Après un bon petit déjeuner, nous nous mettons en chemin. Il est 2h du matin.

A la lueur de nos lampes frontales, nous avançons lentement. Pas après pas.
Le souffle est court, l’effort est présent, mais j’aime cette saveur de défi caché dans l’effort, ce parfum de revanche qui motive chaque respiration et me pousse vers le haut. Le froid est cru. Mes seules pensées sont pour ordonner à mon cerveau d’envoyer du sang dans mes mains et pour me dire que le jour va se lever et nous réchauffer. Que néni ! Le jour se lève et les nuages avec. La neige commence à tomber. Doucement d’abord, puis les flocons nous giflent le visage. Nous ne voyons rien à 5m mais nous montons. La météo et la difficulté de certains du groupe face à l’altitude nous font ralentir. J’ai peur de faire demi tour si proche du sommet ! C’est finalement à bout de force que nous passons les 6000m d’altitude. Nous sommes tout proches.

Le guide nous annonce encore 15 minutes de marche. Elles sembleront une éternité. Le souffle est court mais régulier, je suis surprise de ma bonne capacité à tenir l’altitude. Pas de mal de tête ni de mal de ventre, je me sens vraiment bien. En revanche je me sens très lourde. Chaque pas est une épreuve et la température sous les -18 n’arrange pas les sensations. La neige à tout recouvert, nous évoluons lentement dans la tempête. Tout est blanc et le ciel se distingue à peine du volcan. Pas après pas, nous passons une crête. Le vide de chaque côté. Des parois abruptes et une largeur de pied comme passage. Pas de cordes ni de crampons. A ce moment là j’avoue que j’aurais préférée ne rien connaître aux risques en montagne, ça m’aurait bien arrangée ! Je me force à mettre mon cerveau en pause, me concentre excessivement sur chaque pas et sur le sang nécessaire pour irriguer mes pouces et je ne m’arrête pas. L’ascension semble ne jamais finir. Et soudain, une croix.

J’ai encore la gorge nouée et les yeux humides d’écrire le récit de cette aventure. Je ne m’attendais pas à y arriver, je ne l’avais dit à personne par peur d’échouer. C’était mon défi rien qu’à moi, face à moi même et à mes limites, et c’était absolument génial. C’était pas facile, mais pendant toute la montée je me suis vraiment sentie à ma place, au bon endroit, au bon moment. Ce 5 mai 2023 restera marqué dans ma mémoire, ce jour où je suis montée à 6075m d’altitude et où ça n’était pas si difficile que ça. Ce jour où mon corps a été formidable, et où il a fait une super équipe avec mon mental pour me guider là haut comme une cheffe. Malgré le peu de photos de cette ascension, je ne veux rien oublier de ces 2 jours. C’était trop bien. J’en veux encore. L’ivresse des sommets, l’addiction aux défis. Rajoutez y un sens, un objectif source d’une motivation sans failles, et vous aurez un aperçu de ce que je vis ici, de ce qui m’anime jours après jours dans ce tour du monde.

Je met une grosse minute avant de réaliser. Je regarde hébétée mes 2 compagnons d’ascension prendre des photos, et réalise enfin que ça yest, nous y sommes. On ne voit rien, il fait -20°, et nous sommes à 6075m d’altitude, en haut du Chachani.
Je m’effondre en sanglots, fière de moi et un peu sous le choc de ce que je viens de réaliser. Curieusement, je respire très bien et nous prenons notre temps là-haut. Nous prendrons le chemin du retour, tout aussi silencieusement qu’à l’aller, dans un calme froid où chacun semble réfléchir à l’exploit accompli. La fin du chemin est en sable volcanique et nous courrons tout droit, coupant le chemin dans la hâte d’arriver.
Il est encore tôt le matin quand nous retrouvons le camp de base après plus de 1100m de dénivelé positif.

Liens et infos :

Arequipa :
Logement : Misti Hostel B&B. 6€, dortoir femme, salle de bain partagée, petit déjeuner inclus.
A Faire : Couvent Santa Catalina (11€), Ascension du volcan Chachani (86€), Ascension du volcan Misti.
Moyenne : 47€/jour/pers.

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